mardi 20 mai 2014

Un chien chasse l'autre, la plage est toujours là





La différence, c'est que Swann, il y a à peu près dix ans, à Veules-les-Roses, n'avait pas peur de la mer ni de ses vagues : c'était un chien d'eau et de grand large. Alors que Bergotte, aujourd'hui au Tréport, ne s'y serait jamais aventurée si Catherine ne l'avait pas accompagnée.

dimanche 4 mai 2014

Le chat dont on n'avait jamais parlé.


Au début de l'année 2002, nous sommes allés chercher ce chat de deux mois chez la sœur de Catherine, qui n'était pas encore franc-comtoise. Nous l'avons appelé Boulou, par une sorte de don divinatoire, car nous ne pouvions savoir qu'il allait devenir obèse sur ses vieux jours, c'est-à-dire maintenant. L'idée, en le prenant au berceau, était d'en faire un compagnon pour Swann, qui était encore dans son adolescence et que les chats anciens de la maison fuyaient d'un air dégoûté et furieux, suffoquant de ce que l'on pût leur imposer un deuxième chien sous leur toit, alors qu'ils parvenaient tout juste à tolérer Balbec. Le cliché ci-dessus (fait à partir d'une photo papier, d'où sa piètre qualité) prouve que nous avons réussi au-delà même de nos espérances : durant quatre ans, Boulou n'a quasiment pas quitté Swann, le considérant peut-être comme une mère de substitution (il cherchait constamment à le téter…), attachement que le chien lui rendit très volontiers. Et puis…


Et puis, fin 2006, après la mort de Balbec, Bergotte est arrivée. La première chose que nous avons faite, à peine descendus de voiture, fut de la mettre en présence de Boulou, qui faisait au moins deux fois sa taille. Il y eut reniflages félino-canins durant une poignée de secondes, puis chacun retourna vaquer à ses occupations : « C'est gagné ! », pensâmes-nous.

Eh non, c'était perdu : de ce jour, il y a donc sept ans et demi, Boulou n'a plus jamais remis une patte dans la maison, élisant domicile au sous-sol. Nous avons fini par faire notre deuil de lui, et le considérer comme un chat étranger que nous nourririons par bonté d'âme. 

Mais voici que, depuis la disparition d'Elstir et de Swann, Boulou se rapproche. Il vient dormir sur la terrasse et ne décampe que fort mollement lorsque Bergotte paraît ; Bergotte qui, de son côté, ne semble guère passionnée par lui. L'autre soir, ils se sont même senti le museau, comme au tout premier jour, et aucun des deux n'a paru en être bien ému. Mais Boulou ne pénètre toujours pas dans la maison. On verra cet été, lorsque la porte restera ouverte jour et nuit…